Cancer, est-ce que j’en parle trop ?

Parler de son cancer du sein n’est pas chose facile. Il est naturel de se sentir submergée par une multitude d’émotions et de questions. Parmi celles-ci, une interrogation revient souvent : « Est-ce que j’en parle trop ? »

Ce sentiment peut être amplifié par le regard des autres, l’envie de partager son expérience pour se libérer, ou la crainte de lasser son entourage. Pourtant, il est essentiel de comprendre que chaque parcours est unique et que l’expression de ce que l’on vit est un besoin légitime, et la non-expression un droit le plus cher.

D’où vient le besoin de parler de son cancer ? Les bonnes et les mauvaises raisons

En fait, il n’existe bien sûr aucun jugement de valeur sur le sujet, ni de bonnes ou de mauvaises raisons. Les sources d’une verbalisation décomplexée, excessive ou rare sont multiples. En voici quelques-unes qui feront peut-être écho !

Les raisons positives

Soutien émotionnel et psychologique

L’une des principales raisons pour lesquelles les personnes atteintes de cancer du sein ressentent le besoin d’en parler est la recherche de soutien émotionnel et psychologique. Partager son expérience permet de créer des liens avec des personnes qui peuvent offrir soutien et compréhension. Parler de son vécu et ressenti peut aider à alléger le fardeau émotionnel et rompre l’isolement. Les discussions ouvertes avec la famille, les amis ou les groupes de soutien peuvent offrir un espace sûr pour exprimer ses peurs, ses espoirs et ses préoccupations.

Éducation et sensibilisation : fière de son combat

En parlant de votre cancer du sein, vous contribuez à sensibiliser votre entourage et la société en général. Vous jouez un rôle crucial dans l’éducation du public.

Par exemple, en évoquant leur maladie, les patientes peuvent informer les autres sur l’importance du dépistage précoce, des traitements disponibles et des moyens de soutien. Cela peut aider à démystifier le cancer du sein et encourager d’autres femmes à prendre leur santé au sérieux.

Cela permet également de briser les tabous. La parole peut prendre un tour légèrement revendicatif comme sur les réseaux aujourd’hui. En effet, il n’est plus rare de voir des publications sur Linkedin de professionnels évoquant leur maladie, ou des personnes souffrant d’alopécie suite aux chimios.

Cela donne aussi de l’espoir, voire même cela peut rassurer et apaiser certaines inquiétudes si une parole juste est posée.

Renforcement des liens sociaux

Discuter ouvertement de sa lutte contre le cancer peut renforcer les liens sociaux. Les amis et la famille comprendront mieux ce que traverse la personne. Ainsi, cela a pour effet d’intensifier le soutien et la solidarité. De plus, cela peut encourager d’autres personnes à partager leurs propres expériences, créant ainsi une communauté de soutien mutuel.

Un Exutoire Personnel

Exprimer ses émotions et ses pensées peut être thérapeutique. Cela permet de mettre des mots sur ce que l’on ressent, d’évacuer une partie de l’angoisse générée, d’organiser ses idées et de mieux comprendre son propre parcours.
 

Les raisons négatives

Mais attention, pour faire suite à l’idée d’exutoire, il est important de ne pas tomber dans l’excès, cette fameuse diarrhée verbale ! En effet, voici les conséquences que peut avoir une parole trop fréquente ou insistante sur le sujet.

Fatigue émotionnelle

Parler constamment de sa maladie peut conduire à une fatigue émotionnelle. Revivre continuellement des moments difficiles peut être épuisant et affecter négativement l’humeur et le moral. Il est important de reconnaître ses limites émotionnelles et de savoir quand prendre une pause pour préserver sa santé mentale.

Risque de stigmatisation et de maladresse sociale

Malheureusement, parler ou trop parler de son cancer du sein peut aussi conduire à des situations de stigmatisation voire de maladresse sociale. Certaines personnes peuvent ne pas savoir comment réagir, ce qui peut entraîner des commentaires involontairement blessants ou des comportements maladroits. Cela peut parfois ajouter au stress émotionnel de la personne malade.

Éviter la sur-identification à la maladie

Il est essentiel de ne pas se laisser définir uniquement par sa maladie. Parler trop fréquemment du cancer du sein peut involontairement renforcer cette identification. Il est important de se rappeler que chaque individu est bien plus que sa maladie, avec des intérêts, des talents et des aspects de sa vie qui méritent également d’être mis en lumière.

Parler de son cancer : tout dépend du contexte

Un comportement reflet de sa personnalité

Personnalité et besoin individuel

Le besoin de parler du cancer du sein varie considérablement d’une personne à l’autre. Certaines personnes trouvent un grand réconfort à partager leur expérience et à recevoir du soutien, tandis que d’autres préfèrent garder ces aspects de leur vie, privés. La personnalité, le tempérament et les expériences passées jouent un rôle crucial dans cette décision.

Cercle social et soutien disponible

Le type de soutien disponible dans le cercle social d’une personne influence également la fréquence et la manière dont elle parle de sa maladie. Un réseau de soutien compréhensif et empathique peut encourager des discussions ouvertes, tandis qu’un environnement moins réceptif peut pousser la personne à se refermer sur elle-même.

La crainte de trop parler de son cancer

La peur d’être perçue comme quelqu’un qui se plaint constamment peut inhiber l’envie de parler. Cependant, il est crucial de se rappeler que ceux qui vous aiment comprendront votre besoin de partager.

Un besoin qui évolue dans le temps

Parler de son cancer pendant la phase de traitement

Durant les phases actives du traitement, comme la chimiothérapie, la radiothérapie ou la chirurgie, il est naturel de parler plus fréquemment de la maladie. Les défis physiques et émotionnels sont plus présents et nécessitent souvent plus de soutien et de communication. De plus, la lutte contre le cancer est un travail à temps plein. Pas étonnant que son activité principale soit un réel sujet de conversation !

En rémission et après

En phase de rémission, le besoin de parler du cancer du sein diminue. On peut avoir besoin même de cacher son histoire pour renouer avec une certaine normalité, en mode réactif. Mais souvent, ce besoin ne disparaît jamais complètement. Les patients peuvent encore ressentir la nécessité de partager leurs craintes de récidive ou des effets secondaires à long terme des traitements. Cependant, l’accent se déplace naturellement vers d’autres aspects de leur vie. C’est plutôt bon signe !

Vivre avec un cancer avancé

Pour les personnes atteintes d’un cancer du sein avancé ou métastatique, parler de la maladie reste une nécessité constante. Le soutien émotionnel et les discussions sur les options de traitement et les soins palliatifs sont essentiels pour gérer la qualité de vie et les aspects pratiques de la maladie.

Trouver le bon équilibre pour parler de son cancer

Écouter ses propres besoins

Trouver le bon équilibre entre parler de son cancer du sein et préserver son bien-être émotionnel nécessite une écoute attentive de ses propres besoins. Il est crucial de reconnaître quand parler de la maladie est bénéfique et quand il est préférable de se concentrer sur d’autres aspects de sa vie.

Sentez-vous à l’aise avec la fréquence et la profondeur de vos partages. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de parler de votre cancer. Écoutez vos émotions et adaptez-vous à ce qui vous semble le plus naturel.

Communiquer avec son entourage

La communication ouverte avec l’entourage est essentielle. Exprimer clairement ses besoins et ses limites peut aider à éviter les malentendus et à recevoir un soutien approprié. Parfois, il s’agit de définir des moments spécifiques pour parler de la maladie, tout en laissant de la place pour des discussions sur d’autres sujets.

Diversifier les interlocuteurs peut aider à éviter de surcharger une seule personne de votre entourage.

Respecter votre entourage

Il demeure, en effet, important de respecter le besoin des autres. Vous avez vos préoccupations et les autres ont les leurs. C’est la vie !

Attention au décalage avec autrui ! Au cœur des traitements, même si les histoires des autres peuvent sembler futiles par rapport à ce que vous vivez et à la menace que représente votre cancer, il est important d’accueillir toutes les histoires sans jugement. Cela permet de maintenir des relations équilibrées et de rester connecté aux réalités des autres.

Rechercher les professionnels de la santé et les groupes de soutien

Les professionnels de la santé, tels que les oncologues, les psychologues et autres soignants peuvent offrir un soutien précieux et des conseils pour gérer les discussions liées au cancer. Les groupes de soutien, en ligne ou en personne, peuvent également fournir un espace sûr pour partager ses expériences sans se sentir jugé.

Ainsi, notre association des Amazones Re-Belles est née de la volonté de partager cette parole car nombre de soignantes et thérapeutes de l’association sont aussi passées par la maladie. Pour découvrir nos groupes de paroles, cliquez ici.

Développer des activités et intérêts extérieurs

S’engager dans des activités hors du champ de la maladie peut aider à maintenir un équilibre sain. Que ce soit par le biais de loisirs, de passe-temps, de travail ou de bénévolat, il est important de nourrir d’autres aspects de sa vie qui apportent joie et satisfaction.

 

En conclusion, la question « Cancer, est-ce que j’en parle trop ? » demeure une interrogation intime qui n’a pas de réponse unique. Chaque personne atteinte par le cancer du sein est différente. Et le besoin de parler de sa maladie varie en fonction d’une myriade de raisons positives et négatives, du contexte personnel et du moment de la vie. L’important est de trouver un équilibre qui permette de bénéficier du soutien nécessaire tout en préservant son bien-être émotionnel et mental.

En écoutant ses propres besoins, en communiquant ouvertement avec son entourage et en s’appuyant sur des ressources professionnelles et communautaires, il est possible de naviguer cette complexité avec sérénité et résilience.

Chez les Amazones Re-Belles, nous avons bien compris l’importance de ces ressources externes au cercle familial et amical proche. C’est pourquoi nous avons mis en place des groupes de paroles au sein desquels nous aurons plaisir à vous accueillir.

Ces groupes sont gratuits. Pour savoir si cette approche vous convient, rien de plus simple. Cliquez ici pour prendre connaissance de notre calendrier. Vous pourrez vous inscrire à une session en toute confidentialité, sans engagement.