Q/R : Météo intérieure : Comment je peux faire pour y voir plus clair ?

Martine, patiente et sœur de combat, nous écrit…

« Je me lève le matin et je ne sais même plus comment je me sens… Tout est flou, tout va trop vite. Comment je peux faire pour y voir plus clair dans ce que je vis ? »


– Martine, 52 ans, en traitement pour un cancer du sein

 

Chrystèle, co-fondatrice des Amazones Re-Belles, lui répond…

Chère Martine,

Quand on traverse une maladie comme le cancer du sein, il est facile de se couper de ce qu’on ressent. Le corps souffre, l’esprit s’emballe, les émotions se bousculent. Pour ne pas se laisser submerger, il est possible d’utiliser un outil doux mais puissant : la météo intérieure.

 

C’est quoi, la météo intérieure ?

La météo intérieure est une manière simple d’exprimer ce qui se passe en soi, ici et maintenant.
On l’imagine comme un ciel : parfois dégagé, parfois orageux, parfois changeant d’une heure à l’autre.

Mais cette météo ne se limite pas à une image poétique. Elle repose sur trois piliers :

  • Les émotions : ce que je ressens (tristesse, peur, colère, joie, lassitude…)
  • Les pensées : ce que je me dis intérieurement (ex. : « je n’y arriverai pas », « j’ai besoin d’une pause », « j’ai peur que ça revienne »…)
  • Les sensations corporelles : ce que je perçois dans mon corps (ex. : gorge nouée, fatigue dans les jambes, boule au ventre, cœur lourd, tensions sur les épaules ou le bas du dos…)

L’idée est d’accueillir tout ça sans jugement, comme on observe le ciel : sans vouloir le changer, juste reconnaître qu’il est là.

 

Pourquoi pratiquer pendant un cancer du sein ?

Parce que tout devient instable. Et dans cette instabilité, la météo intérieure :

  • Donne un point d’ancrage au quotidien.
  • Permet de faire le tri dans le flux des pensées et émotions.
  • Invite à écouter le corps autrement, avec attention plutôt qu’avec peur.
  • Favorise une meilleure communication, avec soi-même et avec les autres.

 

Comment pratiquer concrètement ?

En écriture ou à l’oral (3 à 5 minutes)

  1. Fermez les yeux quelques secondes et posez-vous ces trois questions :
    • Quelle est mon émotion principale en ce moment ?
      (ex. : je me sens inquiète, agacée, triste, soulagée…)
    • Quelles pensées m’occupent ?
      (ex. : “je ne suis pas prête pour ce rendez-vous”, “je voudrais que ça s’arrête”, “je me sens seule”…)
    • Que me dit mon corps ?
      (ex. : tensions dans la nuque, fatigue dans tout le corps, gorge serrée, respiration courte…)
  2. Puis, résumez tout ça en une image météo. Par exemple :

« Aujourd’hui, c’est un ciel chargé, avec des rafales de doute et un fond d’inquiétude. J’ai le cœur lourd et le ventre noué, j’ai besoin de calme et de chaleur. »

  1. Écrivez-le dans un carnet. Ou dites-le à voix haute. Juste ça. C’est suffisant.

 

En visualisation (2 à 10 minutes)

  1. Asseyez-vous ou allongez-vous confortablement. Fermez les yeux. Respirez profondément 3 fois.
  2. Visualisez un ciel.
    Observez-le comme s’il reflétait ce qui se passe en vous.
  3. Puis explorez les trois dimensions :
    • Émotions : que ressentez-vous dans ce ciel ? (calme, agitation, tension, chaleur, lourdeur…)
    • Pensées : quels mots, quelles phrases flottent dans ce ciel ?
    • Ressenti du corps : que dit votre corps, là, maintenant ? Y a-t-il un endroit qui appelle votre attention ?
  4. Imaginez que vous vous installez dans ce paysage, sans rien vouloir changer. Peut-être sous un arbre, dans une clairière, ou avec un parapluie. Vous observez. Vous êtes là. Présente à vous-même.
  5. Quand c’est le moment, inspirez profondément, puis ouvrez les yeux. Notez ce que vous avez vu, senti, compris.

 

A retenir

La météo intérieure, c’est bien plus qu’un exercice symbolique. C’est une pratique de présence à soi, pour accueillir l’émotion, écouter le corps, comprendre ce que l’on pense, sans se juger.
Dans l’épreuve du cancer du sein, elle devient un outil d’auto-soutien, simple, intime, et profondément humain.

 

En somme Martine,

On ne peut pas toujours changer le temps qu’il fait dehors. Mais on peut apprendre à habiter notre météo intérieure, avec un peu plus de clarté et de tendresse.