Sud Ouest : Amazones Re-Belles « fait de l’épreuve un tremplin »

Créée en 2022 à Mont-de-Marsan, l’association propose une méthode de coaching innovante pour aider les femmes touchées par un cancer du sein à se reconstruire.

Chimiothérapie, radiothérapie, mastectomie, hormonothérapie… Le prix à payer pour rester en vie quand on est frappée par le cancer du sein est lourd. Pour aider les femmes dès l’annonce de la maladie jusqu’à la phase de reconstruction, l’association Amazones Re-Belles, créée en août 2022 à Mont-de-Marsan, propose un accompagnement innovant.
Chrystèle Millet, ancien médecin et préparateur mental des pilotes de chasse sur la BA 118, préside cette association qu’elle a fondée aux côtés de Dominique Di Nardo. Diagnostiquée en 2018, elle a été opérée quatre fois en cinq ans et est encore sous hormonothérapie. « Je n’étais plus compatible avec l’exigence des missions militaires. Techniquement, j’ai la connaissance de la maladie par mes études et mon expérience. J’ai choisi de mettre mes compétences au service de la cause. »
Après la maladie
Coaching individuel, de groupe et différents ateliers corporels (acupression, acupuncture, méditation, automassages, etc.) sont proposés par une quinzaine de professionnelles, dont la moitié au moins a vécu la maladie. « C’est important parce que la confrontation à la mort est quelque chose qu’on ne peut pas expliquer si on ne l’a pas vécue. »
L’objectif de tous ces ateliers : aider à gérer le stress, la douleur et les effets secondaires. L’approche a séduit jusqu’à l’Oncopole de Toulouse, qui a proposé un partenariat avec l’association, qui interviendra en visioconférence.
« Notre maître mot, c’est utiliser l’épreuve comme un tremplin, pour aller à l’essentiel : qu’est-ce qu’on veut ? Qu’est-ce qu’on ne veut plus ? »
L’association aide aussi après la maladie, quand la personne est « lâchée dans la nature ». « On est tellement occupées avec la chimio, la radiothérapie, la kiné… que, d’un seul coup, quand il n’y a plus rien, on est confrontées au néant et les peurs s’installent. Maintenant, on est là : c’est notre plus-value quand les patientes sont lâchées dans la nature. »
A.C.
Elles racontent leur combat contre le cancer
Trois femmes ayant bénéficié de l’accompagnement d’Amazones Re-Belles témoignent du mieux-être ressenti.
Cathy Legay (Saint-Pierre-du-Mont)
« Tout a commencé en février 2025, après un passage aux urgences pour des douleurs abdominales persistantes. Après le scanner, on m’annonce un cancer de stade 4, non curatif : tumeurs sur les ovaires, derrière l’utérus, des petites taches sur le péritoine et le foie. J’ai 52 ans, je suis célibataire depuis peu et j’ai une fille de 16 ans… C’est la sidération. »
« Le PET-scan a décelé d’autres masses au poumon et au côlon. Quand on entend “non curatif”, on comprend qu’on va mourir. Les médecins disent non : je suis bien dans les traitements, on peut parler de chance de pouvoir vivre. J’ai cherché de l’aide : la Ligue contre le cancer, puis j’ai trouvé les Amazones Re-Belles. Chrystèle Millet a été touchée par mon histoire. Avoir la Ligue et les Amazones, ce n’est pas du luxe : multiplier les soutiens et activités m’aide à apprivoiser. »
Nadette Turlet (Mont-de-Marsan)
« J’ai appris que j’avais un cancer du sein gauche de stade 3 en 2007. Le docteur m’a dit : “Ça va être compliqué, il faut attaquer fort.” J’ai fait une tumorectomie. Huit jours après, on m’appelle : il faut ré-intervenir. Avec mon époux, j’ai décidé de faire une mastectomie. »
« Six mois de chimio, puis une hormonothérapie difficile. Je me suis lancée dans la peinture. Chez les Amazones Re-Belles, on parle d’autre chose que de la maladie, on se réunit, il y a beaucoup d’empathie. Aujourd’hui, mon mari a une présence éprouvée ; je dois me choyer pour lui aussi. Quand je participe aux sophrologies, ça lui fait du bien. »
Bettina Bernard (Perpignan)
« Diagnostic de cancer triple négatif à 60 ans, en août 2020, traitements à l’Oncopole dès septembre. Je me suis rapprochée des Amazones Re-Belles pour un support émotionnel. Chrystèle Millet m’a accompagnée ; l’association m’a donné envie d’aller plus loin, de faire des choses que je ne pensais pas possibles, de reprendre goût à la vie. »
A.C.
« Quand on a un cancer, on revient à l’essentiel »
Aujourd’hui en phase de rémission, l’adjudant Mylène, monitrice de sports à la BA 118, raconte son combat contre le cancer du sein : une mastectomie et un protocole très lourd.
Un adénocarcinome du sein révélé par la mammographie, suspecté puis confirmé après biopsie. Dans une base aérienne de 4 000 militaires et civils, celle que beaucoup connaissent comme coach raconte le basculement : « Un an et demi avant, j’avais perdu mon compagnon. Quand on m’a annoncé le cancer, je me suis dit : la prochaine, c’est moi. »
Elle se souvient de l’annonce : « On n’y croit pas, on se dit qu’il y a une erreur. J’avais une masse au sein, je ne ressentais rien. » Les soins s’enchaînent. « J’étais envahie, on ne m’a pas laissé le choix. On a décidé pour moi. »
« J’ai fait une mastectomie. Sauver mon sein n’était pas une option. J’ai toujours été très sportive, j’ai rebondi ; je suis combative. » Viennent ensuite chirurgie réparatrice, douleurs, kiné : « On croit que c’est fini, et en fait non. J’ai eu un lymphœdème après l’opération, j’ai dû porter des manchons. J’avais l’impression de ne plus m’appartenir. »
Radiothérapie pour diminuer le risque de récidive, immunothérapie en complément : « Très lourd. » Les effets secondaires s’invitent : douleurs neuropathiques, fatigue intense, douleurs articulaires, sécheresse des muqueuses. Le soutien associatif compte : « On m’a parlé d’Amazones Re-Belles : sophrologie, acupression, soins énergétiques… ça m’a fait du bien. »
La vigilance demeure : « On a peur de la récidive. Ce n’est pas parce que les traitements s’arrêtent que tout est terminé. » Peu à peu, le sport revient, prudemment. « J’avais peur de me faire mal. » Reprise du travail le 14 décembre 2024 à la BA 118 de Mont-de-Marsan.
« Aujourd’hui, je me sens vivante. J’ai réappris à respirer. Quand on a un cancer, on revient à l’essentiel. »
Aurélie Champagne
📎 Extraits du journal Sud Ouest, édition Landes, 21 octobre 2025.

 
                                                                    
