Q/R : ma femme refuse d’être aidée, comment la convaincre ?
Question : Patrice
Ma femme Marina agée de 50 ans a un cancer du sein. Elle est très fatiguée, souvent
déprimée, mais elle refuse toute aide, qu’elle soit psychologique, pratique ou même de la part
de nos proches. Comment puis-je la convaincre de se faire aider ?
Réponse :
Ce que vous vivez est profondément éprouvant. Accompagner un être cher touché par la
maladie est une épreuve en soi, d’autant plus lorsque cette personne refuse l’aide dont elle
aurait pourtant tant besoin. Sachez d’abord que ce refus est fréquent, surtout au début ou dans les phases de grande fatigue : cela peut être lié à un besoin de contrôle, de dignité, à la peur d’être un poids, ou à une forme de repli pour se protéger.
Voici quelques pistes pour aborder cette situation avec respect et sensibilité :
- Parlez-lui de ce que vous ressentez, pas de ce qu’elle « devrait » faire. Plutôt que
d’insister sur son état, parlez de vous : « Je me sens impuissant quand je te vois souffrir… J’aimerais tellement pouvoir faire quelque chose pour toi. »
Cela ouvre un espace émotionnel sans pression. - Proposez une aide concrète, limitée et non intrusive. Par exemple : « Est-ce que je peux appeler pour toi et juste demander les horaires d’un service de soins de support ? Tu ne t’engages à rien. »
L’idée est d’amorcer une première petite marche, pas de
franchir l’escalier d’un coup. - Rappelez-lui qu’accepter de l’aide, ce n’est pas renoncer, mais se renforcer. Vous pouvez lui dire : « S’appuyer un moment sur quelqu’un, ce n’est pas un signe de faiblesse, c’est une façon de garder de l’énergie pour ce qui compte le plus pour toi. »
- Proposez-lui une écoute extérieure sans engagement comme une période d’essai.
Parfois, ce n’est pas « l’aide » qui est rejetée, mais l’idée de parler à un proche, ou de montrer sa vulnérabilité.
Un professionnel neutre peut être plus facile à envisager qu’un
soutien familial. Présenter cette solution comme un test permettrait à votre épouse de garder le contrôle en ayant son mot à dire. - Acceptez aussi ses résistances, tout en restant présent. Il se peut qu’elle ne soit pas prête maintenant. Mais votre patience, votre présence aimante, et votre constance peuvent faire une vraie différence sur le long terme.Enfin, n’oubliez pas de prendre soin de vous dans ce processus. Vous avez aussi le droit de demander du soutien, pour tenir dans la durée. Ce n’est pas vous ou elle : c’est vous avec elle, et parfois, cela commence par s’autoriser vous-même à être soutenu.
Accepter de l’aide est une étape importante, mais savoir s’entourer l’est tout autant. Découvrez aussi notre article : Bien choisir son entourage pendant le cancer.